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La Géorgie vire-t-elle à l’extrême-droite ?

C’est le remue-ménage sur la scène politique géorgienne. Du côté de l’opposition, les législatives et les présidentielles approchants, échauffent les esprits. Et pour se faire une place de choix dans le paysage politique, rien de tel que de bons dérapages hauts en couleurs. Les membres du « rêve géorgien » rivalisent d’imagination pour clamer leurs messages populistes. Une plongée vingt ans en arrière.

Tbilissi part à la dérive. En octobre, ce sont les législatives. En janvier, les présidentielles. Un homme pour s’en emparer : Bidzina Ivanishvili. Après avoir fait fortune en ex-URSS, l’oligarque se voit déjà à la tête du pays l’an prochain. Pour cela, il compte sur le soutien de son parti, le « rêve géorgien », parti d’opposition au gouvernement Saakachvili.

Pour se faire entendre du grand public, les membres du parti d’Ivanishvili, rivalisent d’imagination pour lancer dans les média, la dernière pique à l’encontre d’une minorité, l’ultime provocation envers le gouvernement, l’insulte suprême à l’égard des femmes. Les dérapages – contrôlés – garnissent les journaux nationaux toutes les semaines.

Car contrairement aux idées reçues, l’affaire rapporte. La population est vite séduite par les idées conservatrices et nationalistes du « rêve géorgien ». La ferveur populiste donne chaque jour davantage de voix au milliardaire Ivanishvili. La campagne est efficace.

Tbilissi est enserrée dans un étau. D’un côté les partisans du président actuel Saakachvili, s’efforcent petit-à-petit d’émanciper le pays de leur voisine russe, de l’autre, les pro-Ivanishvili, qui prônent au contraire un retour vers une entente avec Moscou. Et c’est là que le bas blesse. Le pays qui a mis tant d’années à se défaire du carcan moscovite, voit un nouveau prétendant – Bidzina Ivanishvili – désireux de tisser à nouveau des liens avec l’ancien occupant.

Et le « rêve géorgien » n’y va pas par quatre chemins pour récupérer un maximum de voix. En flirtant avec des idées ultra-nationalistes, le prétendu parti d’opposition ressemble à l’avant-garde extrême-droite géorgienne. Et pour preuve, un petit florilège des plus « belles » maximes de ses membres, à commencer par le premier, Ivanishvili.

Interrogé sur la chaîne nationale Mastro en mai dernier, le candidat à la présidentielle s’est montré très virulent envers une loi qui accorderait davantage de droits aux minorités religieuses. « Selon cette loi, nous pouvons avoir un Parlement dont les membres ne seront pas des citoyens géorgiens, ne parleront pas la langue géorgienne et surtout ne seront pas ethniquement géorgiens » a-t-il déclaré au micro de la journaliste.

C’est ensuite dans les colonnes du journal extrémiste Asaval-Dasavali que l’oligarque a tenu à exprimer sa « gratitude » envers les éditeurs du journal et leurs « prises de position. » À savoir, la gazette est connue en Géorgie pour sa ligne qui « s’inspire des mesures anti-gays hitlériennes. » Ivanishvili ajoute « peu de journaux sont aussi fidèles que vous dans l’intérêt que vous portez aux problèmes nationaux […] et pour cela, vous avez tout mon respect. »

Le chef de file du « Forum National » et membre de la coalition d’Ivanishvili voudrait, lui, enquêter sur les origines du président Saakachvili. « Je suis en droit de savoir son origine [ethnique]. Si la Géorgie a un président arménien, alors pourquoi quelques personnes se plaignent que les droits des arméniens soient bafoués ? »

La porte-parole et cofondatrice du parti d’opposition, Manana Kobakhidze, s’est quant à elle exprimée au sujet des minorités géorgiennes, en général. « Le gouvernement géorgien estime que la protection des minorités – sexuelles inclues – est synonyme de démocratie. Les défenseurs de la foi orthodoxe ne doivent pas être vus comme des fascistes et extrémistes, en raison de leur pensée alternative. Pour une raison que j’ignore, le modèle de la démocratie en Géorgie s’exprime en réprimant les chrétiens orthodoxes qui protestent contre les minorités sexuelles. »

La communauté musulmane est aussi sujette à controverse dans le parti du « rêve géorgien. » Ainsi, le président du mouvement « Servir la Géorgie », Murman Dumbaze s’en prend à Giorgi Masalkin – politicien soutenant la construction des mosquées – de ne pas « comprendre l’amour du pays, car il n’est génétiquement pas géorgien. » L’oligarque franco-géorgien a surenchérit en déclarant dans le Asaval-Dasavali« inacceptable qu’une mosquée soit construite sur décision de Mikheïl Saakachvili. »

D’autres enfin, trouvent « inacceptable que les églises géorgienne et arménienne aient le même statut, les arméniens, qui ont plus d’argent, finiront par [les] dévorer. » Ou bien soutiennent encore qu’aucun géorgien ne puisse « soutenir un athéiste et impie comme Saakachvili. »

Et pourtant malgré ce recueil de propos acerbes, la population semble plutôt réceptive au message populiste du « rêve géorgien. » Alors, le peuple géorgien aura le choix en octobre, pour les législatives. En janvier prochain pour les présidentielles. Le choix entre un candidat rétrograde, conservateur, rompu au jeu de Moscou et un élu progressiste, en phase avec l’Union Européenne et les aspirations futures de la Géorgie.

La Géorgie vire-t-elle à l’extrême-droite ?
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